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Remise en question

6 Avr

Si tu as suivi les derniers évènements, normalement tu sais de quoi je vais parler ici. Oui, depuis 2 jours, j’ai le cerveau qui tourne à plein régime (si tu dis que ça change de d’habitude, je t’aime plus).

Je sais que c’est con, que j’aime ce que je fais. Qu’en général ça se passe bien. Que la plupart du temps je rentre avec le sourire.

 

Mais il a suffit d’une matinée. Une matinée pour tout remettre en question.

Mercredi après-midi, j’étais prête à tout plaquer. Mais vos messages m’ont un peu apaisée, à me rappeler que je ne suis pas (totalement) inutile (et accessoirement, j’ai des factures à payer).

Mais alors, pourquoi une matinée exécrable efface tous les bons jours ? Si je faisais une liste des + et des -, le positif devrait l’emporter. Et pourtant… tout ce que je retiens, ce sont ces trois heures avec des élèves odieux, où je me suis sentie complètement dépassée, inutile, absolument pas soutenue. Ce qui me fait peur, c’est que je n’arrive pas à me raisonner, à me dire que c’était exceptionnel, qu’en général, les cours se passent bien. En fait, c’est plutôt l’inverse qui tourne en boucle dans ma tête. Que ça ne va pas aller en s’arrangeant, que les élèves vont être de pire en pire au fil des années. Je me dis qu’avec l’expérience, je saurai quoi faire, comme réagir, mais eux aussi évolueront, et deviendront encore plus vicieux et méchants.

 

Ce qui fait que depuis la fin des cours mercredi, je m’interroge. Suis-je vraiment faite pour ce boulot ? Si oui, pourquoi ça se passe mal ? Qu’est-ce que je pourrais faire pour y remédier ? Si non, je fais quoi ? Je change, mais pour faire quoi à la place ? Parce qu’il est hors de question que je me rende malade pour des idiots qui ne le méritent pas. Je vais pas laisser des petits cons insolents me bousiller la santé. Et malheureusement, c’est ce que je fais quand, comme ici, les choses m’atteignent.

Moi qui attendais impatiemment la fin de l’année pour en finir avec les segpa, j’en arrive à me dire que finalement, ça serait peut-être une bonne solution pour moi de continuer avec eux. Alors oui, il faut être honnête, c’est clair qu’intellectuellement, c’est pas ça. Faire des multiplications et des divisions de tête, je sature. Il faut les materner en permanence, leur dire de sortir leur cahier, d’écrire en bleu ou en vert… beaucoup sont (très) limités, mais pour la plupart, ils n’y sont pas pour grand-chose. Ils font avec les moyens qu’ils ont. Au moins, ils sont (à peu près) polis et respectueux. Ils font (à peu près) ce que je leur demande, et même si ça ne leur plait pas, au moins ils m’envoient pas bouler. Parfois même, on rigole ensemble. Oui bon ok, je le dis, je les aime beaucoup, je m’y suis attachée. Alors si la segpa c’est ce qui me permet de renter chez moi relativement saine d’esprit, pourquoi pas recommencer l‘année prochaine ? Et la stimulation intellectuelle, je peux la trouver ailleurs.

 

Bref, je suis en plein confusion. Tout ça a cause de quelques crétins. Je me mettrais des claques de me laisser déstabiliser aussi facilement. Heureusement, je vais pouvoir profiter d’un long week-end, faire le point, avant les vacances qui arrivent bientôt et qui, je croise les doigts, me permettront de me vider complètement la tête.

J’aurais aimé pouvoir en parler à mes parents, parce qu’ils sont dans le métier et leur expérience m’aurait été bénéfique. Malheureusement, je sais que je ne le ferais pas. Parce qu’ils ne supportent pas que j’exprime mes doutes. Pour eux, douter, ça veut dire que c’est certain que j’arrête. Alors ils vont s’énerver, m’engueuler parce qu’ils trouvent que je ne suis pas une fille stable. Et puis les segpa, c’est pas assez gratifiant pour la Reine Mère. Ça va une année, mais je vais pas perdre plus de temps avec eux. Elle ne comprend pas pourquoi je n’enseigne pas à des bts par exemple. Ça doit être moins honteux vis-à-vis de ses copines je suppose. Moi je vais me sentir mal, et je vais repartir frustrée et fâchée. Ça ne ferait pas avancer la réflexion. Et c’est bien dommage.

 

Je ne sais plus quoi faire

4 Avr

J’avais cours ce matin avec les 1ères et je suis au bord de la crise de nerfs. Sincèrement, je pète les plombs. Sur le chemin du retour, j’étais au bord des larmes, prête à craquer nerveusement.

 

Je te raconte ma matinée (sachant que j’ai 3 heures d’affilée avec la même classe)

J’arrive en cours à 8 heures, je fais l’appel et je leur explique ce qu’on va faire. La semaine dernière, ils étaient sensés me donner un mini-dossier qu’ils avaient à faire, et passer à l’oral pour faire une présentation. Or il se trouve que j’ai eu beaucoup d’absents, et donc, tout a été reporté à aujourd’hui. Bien évidemment, ils râlent, parce qu’ils n’ont pas fini, que leur dossier n’est pas prêt blabla. Alors ils se jettent sur les ordis pour tenter de finir. Je commence à élever la voix pour leur demander de se rassoir à leur place, et je leur rappelle que ça fait déjà 1 mois qu’ils sont dessus, que je leur ai laissé du temps pour le faire en cours, et qu’ils ont eu une semaine de plus par rapport à l’autre groupe.

Les présentations orales commencent, et là, certains commencent à dormir sur la table, sortir les portables, rigoler. Je m’énerve une fois de plus, en leur demandant de se taire et de se tenir correctement. Les diaporamas finissent, et je fais un point général sur ce qui a été et ce qui a moins marché. Là encore, ils s’en foutent, ils râlent parce que je ne leur donne pas leur note de suite. Heureusement, c’est la récréation, et les 10 minutes de pause font faire du bien !!

On revient en cours, je leur demande de prendre le chapitre pour le finir, mais ils s’en foutent royalement, ils continuent de bavarder. Je répète 4 ou 5 fois, toujours rien. Et là 2 élèves commencent à s’engueuler, le ton monte, ils se lèvent, j’ai peur qu’ils en viennent au mains.. Pour un stylo !!! L’un croyait que c’était son stylo et le voyant dans la trousse du deuxième, l’a repris. Le deuxième a gueulé au voleur et ça a dégénéré. N’importe quoi !! là-dessus bien évidemment j’interviens pour qu’ils arrêtent, et oui, j’ai gueulé aussi, parce que j’en avais vraiment marre.

C’est alors qu’un troisième élève prend ses affaires et s’en va parce que « j’ai mal à la tête et ça crie trop ». Je lui demande de venir de rassoir, bien entendu, il n’a pas voulu. Et il est parti.

Naïvement, je pensais que ça aurait un peu calmé les autres, mais non. Ils continuaient à discuter, et n’écoutaient rien de ce que je disais. Je leur ai donc demandé de faire leur exercice sur feuille, que je ramasserai à la fin de l’heure. Y en a un qui n’a pas voulu et n’a donc rien rendu, 3 l’ont fait ensemble.

 

Là je viens de rentrer chez moi, et je n’en peux plus. Franchement je ne sais plus quoi faire. Je sature. Je leur parle gentiment, ils s’en foutent, je gueule, ils s’en foutent, je me tais, ils s’en foutent. Je crois que je ferais la roue une plume dans le cul, ils s’en foutraient aussi.

Alors c’est quoi la solution ? Leur faire un contrôle toute les semaines ? Laisser faire ? Les laisser complètement me submerger ? Je peux pas en exclure à chaque fois, ou faire des rapports d’incidents à tous les cours quand même. Et j’ai pas envie de leur laisser le dessus, même si c’est ce qui se passe actuellement.

Parfois, comme ce matin, j’en arrive à les détester. Le pire, c’est que de temps en temps aussi, je me retiens de leur mettre une bonne claque. Je le fais pas bien sur, 1/ j’ai pas le droit et 2/ ils sont tous plus grands et costauds que moi et j’ai pas envie qu’ils me la retournent. Mais c’est quand même ce que je me dis, que ça leur ferait pas de mal !

Et puis je ne supporte plus leur égoïsme. Tout doit tourner autour d’eux, je devrais les laisser dormir sur la table parce qu’ils sont fatigués, ou les laisser faire leurs devoirs de maths ou d’éco parce qu’ils vont avoir un contrôle, ou pas les brusquer parce qu’ils ont mal à la tête, ou mal au ventre. Comme si moi j’étais une machine, j’étais jamais malade ou j’avais jamais de souci.

Bien sur, je ne parle même pas de leur manque total de respect, à parler en même temps que moi, ou carrément à couper la parole, à moi ou aux autres élèves..

 

Ce qui m’emmerde le plus, c’est qu’ils me font douter. Parce que ce matin, j’avais la classe en demi groupe, et avec les absents, ça ne faisait que 8 élèves. 8 élèves, et j’arrive pas à les tenir. Alors une classe entière ? J’en arrive à me demander si finalement, je suis vraiment faite pour ça. Je leur apporte quoi concrètement ? Je sers à quoi moi ? J’ai pas envie de finir comme tous ces profs, blasés ou en dépression. J’ai pas envie de baisser les bras, parce que ça fait pas longtemps que je fais ce métier, et que quand même y a des fois où ça se passe bien, mais j’ai peur. J’ai peur parce que ça va pas aller en s’arrangeant. Les élèves vont être de plus en plus insolents, et moi de moins en moins tolérante. Me reste plus qu’à trouver un juste milieu, bien faire mon travail, mais sans me laisser bouffer par les élèves.

 

Voilà, il fallait que ça sorte. Je sais que ça fait un peu extrême, genre une matinée pourrie et je suis à deux doigts de me jeter par la fenêtre. C’est rien de grave, des matinées de merde j’en ai déjà eu, et j’en aurais encore (malheureusement). Il fallait juste que je le dise pour pas le ressasser éternellement. Je vais aller manger un bout, faire une sieste, et ça ira mieux après. Enfin j’espère.