Grâce aux précieux conseils donnés hier, tu brilles maintenant lors de tes commentaires sportifs et/ou interviews d’athlètes. Cette aisance dans la médiocrité t’a permis de te faire remarquer de tes patrons, qui te confient alors les rênes d’une émission en plateau. Ouais, ça y est, c’est toi le boss. Mais attention, cet exercice peut être périlleux, c’est pourquoi je t’offre ici quelques trucs et astuces pour exceller dans ce nouveau métier.
Unit 2 : le présentateur en plateau
Lesson 1 : monopolise au maximum l’attention.
Et oui, maintenant que tu es présentateur, tu dois naviguer entre plusieurs épreuves différentes, et ta présence effective à l’antenne est en réalité très réduite. Tu n’es là que pour passer le relais aux commentateurs sur le terrains (ou lancer des magnétos), il te faut donc marquer les esprits autant que faire se peut. Pour cela, il existe plusieurs techniques, qui peuvent bien évidemment être cumulées (c’est même recommandé).
– raconte ta vie
Mais attention, pas tes souvenirs d’enfance ou un épisode malheureux, non. Plutôt un évènement particulier qui rendra jaloux les téléspectateurs. Même si tout le monde est au courant depuis des mois (années) de l’info que tu donnes, présente là comme si c’était une exclusivité, histoire de te faire mousser encore plus. Tu peux enfoncer le clou en répétant l’anecdote plusieurs fois afin que ceux qui l’avaient raté la première fois puissent l’entendre.
Inspire toi ici de Gérard Holtz qui annonce « en toute modestie, j’ai eu la chance de diner avec Roger Federer, et la médaille olympique est son objectif ultime ». Tu noteras la performance de faire passer un double message, faire croire qu’il était seul au diner avec Roger (genre ils sont potes), et que Roger lui a fait des confidences sur sa carrière.
De même, comme Gégé encore une fois, tu peux reprendre un collègue sur un nom d’un athlète étranger et lui faire une leçon de prononciation, « parce que tu as la chance de connaitre quelques mots de suédois ».
– fait des blagues pas drôle.
On a dit, tu dois marquer les esprits, et pour ça, rien de tel qu’une bonne blague au moment (in)opportun.
Là encore, prend Gégé en modèle, et profite d’être à l’étranger pour parler avec l’accent local. Si en plus le pays hôte a des us et coutumes internationalement connus, saisis l’occasion pour te foutre de leur gueule les imiter.
Tu peux également faire comme Gégé, oui toujours lui (c’est ça l’expérience !), et mettre à profit l’immense bibliothèque musicale mondiale pour chanter la chanson correspondante au prénom de l’athlète dont tu parles.
– donne ton avis personnel.
Parce que le journalisme objectif n’est qu »une légende urbaine pour faire peur aux petits enfants, n’hésite surtout pas à donner ton opinion personnelle, surtout si personne ne te la demande. Profite du peu de temps d’antenne qu’on t’accorde pour militer pour des causes qui te tiennent à cœur.
Une dernière fois, copie Gégé qui dit et répète que le judo devrait être enseigné à l’école, afin d’apprendre les valeurs de respect de soi et de l’adversaire. Parce que c’est bien connu que les sports de l’éducation nationale tels que le hand, le basket, l’athlétisme et autres ne nous apprennent qu’à cracher à la gueule de l’autre et à insulter l’arbitre.
Lesson 2 : soit de mauvaise foi.
Dans ta carrière, tu rencontreras surement des minis conflits entre journalistes sportifs et athlètes. Ne te remet surtout pas en cause, et soutient tes collègues. Toi tu le sais, tu es professionnel (et tes collègues aussi bien entendu), ce sont les sportifs qui sont cons. Si l’interview est mauvaise, ça ne peut venir que d’eux. S’ils étaient intelligents, 1/ ça se sauraient et 2/ ils feraient un métier où ils utiliseraient non pas leurs mains et/ou leurs pieds mais leur cerveau.
Dans ce cas, tu peux faire comme Lionel Chamoulaud qui revient sur l’interview ratée entre son collègue et les handballeurs après leur match perdu contre l’Islande, et qui incrimine (ces gros cons) de sportifs. Il est évident que le problème ne vient absolument pas des questions merdiques du journaliste, mais de la mauvaise humeur inexpliquée de Nikola Karabatic ou Claude Onesta. (là, tu remarqueras qu’ils n’y mettent vraiment pas du leur, puisqu’étant des hommes, on peut même pas faire une petite blague machiste et inappropriée en disant qu’ils devaient avoir leurs règles).
Stay tuned…