Cet été, mon père me propose un déjeuner en tête à tête avec lui.
Mes parents habitent loin, ils reviennent une fois par an donc pourquoi pas.
L’erreur…
On arrive au resto, on s’installe, on commande, on parle de tout et de rien. Un peu comme d’habitude.
Les entrées arrivent, et là, c’est le début de la discussion sérieuse. Quand je dis « discussion sérieuse », il faut bien évidemment comprendre « remontage de bretelle ».
Il commence par me reprocher certaines choses, mais là pour le coup c’était justifié, donc je ne peux pas dire grand-chose.
Et ce qui pouvait encore passer pour une tape sur les doigts se transforme en Armageddon.
Il passe alors à ma situation professionnelle. Que bon, ma situation est précaire et que ça serait bien de faire quelque chose pour y remédier. Donc soit j’aime ce que je fais et j’ai le concours (puisque pour lui, je cite : »le concours de prof n’est qu’une formalité ») soit je n’aime pas et je trouve autre chose. Parce que tu te rends compte, à mon âge je ne suis toujours pas propriétaire, et vu comme c’est parti, je vais avoir une retraire de misère.
Je t’avoue qu’à ce moment, je suis pas au mieux, mais c’est pas grave, ça continue.
Il enchaine alors sur ma situation amoureuse (lol).
Il me demande si j’ai un copain. « non ». « une copine ? ». « non plus ». Et bien c’est pas normal d’être célibataire. Sous entendu je ne suis pas normale. Que c’est forcément ma faute. Que c’est bien d’avoir du caractère mais c’est pas comme ça que ça marche, et que ça serait bien que j’apprenne à faire des compromis. Et puis la déco de mon appart est trop girly, c’est clair que ça donne pas envie aux mecs.
A ce moment, j’ai failli lui demander si je m’ouvrais les veines maintenant ou si j’attendais le dessert, mais je me suis abstenue. Je sais pas, quelque chose m’a dit qu’un trait d’humour sera mal venu…
Il a fini en me reprochant de regarder trop de films et de séries, et que c’est pas ça la vraie vie. Que je vivais dans mon petit monde, mais qu’il allait falloir que ça change.
J’ai attendu d’être rentrée chez moi pour pleurer.
Tout un repas à m’en prendre plein la gueule, à m’entendre dire que je suis une grosse ratée, ça faisait un peu trop.
Un peu plus tard, avec le recul, j’ai réfléchi à ce qu’il m’avait dit. C’est là que j’ai réalisé qu’il parlait un peu à tord et à travers, et que si certains reproches étaient justifiés, la plupart ne l’étaient pas.
Les copines m’ont dit qu’il avait été maladroit, qu’il m’avait dit ça parce qu’il s’inquiète pour moi. Je sais. Mais c’est pas une excuse.
Sur beaucoup de point, il parle sans savoir. Mais au lieu de poser des questions pour me connaitre, pour avoir mon point de vue, il m’a condamnée.
On m’a conseillé de m’expliquer avec lui, d’en parler à ma mère pour qu’elle fasse médiateur, mais j’en n’ai même pas envie.
S’il préfère me juger sans même essayer de se mettre à ma place, je vois pas bien pourquoi je me justifierais.